On ne présente plus l'Hyper/Interactif Yannick LEJEUNE, Directeur Internet de IONIS Education Group, leader français de l’enseignement supérieur privé. Ce manager, geek, fan de BD et de pop-culture est cette semaine la guest star inspirée du blog http://be-a-creative-sponge.typepad.com/.
Béatrice Vendeaud : Bonjour Yannick, est-ce que tu considères avoir réussi ton "personal branding" sur le web ?
Yannick Lejeune : Oui et non.
Oui parce qu’au travers de dispositifs tels que que mon blog ou Facebook, ma présence sur le web a indéniablement contribué à l’extension de mes réseaux. Pour moi, la blogosphère a été un formidable catalyseur de projets et de rencontres dans tous les secteurs. Évidemment, l’éclectisme de mes occupations envoie parfois des messages un peu confus (Il gère la stratégie web de IONIS ? Il travaille avec Microsoft ? Il fait du conseil ? Il est journaliste BD ? C’est quoi son vrai boulot ?) mais en même temps, c’est cette diversité qui me plait. Les gens qui connaissent « Yannick Lejeune » dans l’univers du marketing ne sont pas forcément ceux qui me connaissent dans l’univers high-tech, dans la BD… Du coup, je suis régulièrement contacté par des agences de buzz, de nouveaux partenaires ou de futurs clients. De ce point de vue-là, je pense que mon « personal branding » transcrit bien l’éventail de mes centres d’intérêt. Cela m’offre la chance de profiter de pas mal d’opportunités : être invité par Canal+ au milieu des chroniqueurs d’une émission en direct, passer une semaine à Las Vegas dans un palace pour assister au Mix, l’un des plus gros événements web mondiaux organisé par Microsoft, visiter l’exposition Koons dans un Versailles privatisé pour un groupe de 25 personnes avec Jean-Jacques Aillagon comme guide... Il faudrait être sacrément blasé pour ne pas apprécier, non ?
Par contre, je pratique sur mon blog des choses que je ne conseillerais pas. Par exemple, il n’a pas de ligne éditoriale, j’y poste des notes sur divers sujets qui m’interrogent, qui m’intéressent, qui me font sourire, que je veux conserver... Je n’ai pas travaillé mon « image », je n’ai pas mis en place de stratégie de communication. Probablement parce que je le fais déjà toute la journée dans mon activité professionnelle et que je n’ai pas envie de le faire aussi chez moi. Je pense notamment aux pages consultant ou speaker de mon blog qui ne sont pas à jour parce que j’ai suffisamment d’opportunités et de clients pour ne pas en ressentir l’urgence. C’est très mal :-) Je le déconseille fortement mais c’est le classique coup du cordonnier mal chaussé.
Béatrice Vendeaud : Comme tu as toujours trois idées d'avance, peux tu donner quelques conseils pratiques à un étudiant qui voudrait percer dans la blogosphère ?
Yannick Lejeune : De nos jours, c’est un peu plus difficile que durant la période pionnière de 2003-2005 où la communauté était plus restreinte et les médias passionnés par le phénomène. Aujourd’hui, la mode est à Twitter comme elle a été à Second Life, à Facebook ou à d’autres « trucs » 2.0 ces derniers mois. Le tout est de surfer sur la vague.
Je conseillerais de revenir aux basiques :
· Avoir une ligne éditoriale précise et du contenu original : il y a bien assez de blogs qui reprennent la même info que tous les autres. Lorsqu’un nouvel iPhone sort, celui qui sort du lot, c’est celui qui parle d’autre chose, qui apporte une information exclusive, un point de vue différent. Ceux qui se contentent de reprendre l’information ou les communiqués de presse ont du mal à faire la différence. Tout le monde veut son quart d’heure de célébrité warholien, un camarade avait écrit « dans le futur tout le monde voudra son quart d’heure d’intimité », pour l’instant on est dans l’infobésité, on a trop d’infos, trop de gens à voir, trop de blogs à lire, trop de sites sur lesquels surfer. Alors pour sortir du lot, il faut apporter quelque chose, avoir un point de vue, polémique ou pas mais dans tous les cas original ! C’est encore mieux si on verticalise les sujets en se positionnant sur un domaine donné, ça permet de se présenter en expert et/ou passionné d’un sujet. C’est plus facile à gérer du point de vue de la marque personnelle.
· Engager la conversation : comme on ne demande pas à une femme de nous épouser au premier rendez-vous, mieux vaut éviter de demander à un blogueur connu de nous linker ou de nous promouvoir avant d’avoir montré patte blanche. Je conseille régulièrement aux blogueurs de faire l’effort, dans un premier temps, d’aller laisser de vrais commentaires, argumentés, déclenchant la conversation sur les blogs des autres. Et ce, jusqu’à ce que leur nom ou leur pseudo fasse partie des habitués de ces blogs. Alors seulement, les contacts seront suffisamment forts pour espérer des échanges de visibilité. ATTENTION, il ne s’agit pas d’être hypocrite, il faut choisir des blogs qui nous plaisent vraiment, menés par des blogueurs avec qui on voudrait vraiment converser. Pas question d’aller draguer Eric Dupin de Presse-Citron juste parce qu’il est très influent. Si on discute avec un blogueur, il faut que ce soit parce qu’on partage réellement l’envie de créer une relation humaine, sinon ça se voit. Ne pas hésiter à fréquenter les soirées blogueurs de sa ville, au final, la communauté est souvent plus petite qu’on ne le pense et la « banque des services » fonctionne pas mal.
· Etre « pervasif ». Aujourd’hui, je pense qu’il est bon de maitriser sa marque et ses contenus sur différents canaux qu’il s’agisse de twitter, de facebook, de son blog, de son flickr, etc. Il faut donc être présent partout quitte à utiliser les mêmes contenus à différents endroits.
· S’auto-googler : la meilleure manière de construire sa marque c’est la maitriser. Pour cela, il faut interroger les moteurs de recherche pour voir ce que l’on propose vraiment aux internautes.
Béatrice Vendeaud : Toi qui lis Bruno Bettelheim dans le texte, je sens que tu meures d'envie de nous parler du dernier Harry Potter !
Yannick Lejeune : Tu fais sans doute référence à l’article que je viens d’écrire pour le magazine Zoo Je m’y interroge sur les ressemblances entre deux énormes succès de l’édition jeunesse, Naruto et Harry Potter, pour en ressortir la recette miracle qui les sous-tend. Il y a des similitudes frappantes entre les deux. Les deux héros sont orphelins, sont dans une école, ont en eux une énergie mystique associée au mal, voient leur mentor mourir, ont un ennemi juré, ont pour copains 1 fille qui tombera amoureuse du garçon, etc… Bref, au final, les deux pourraient sembler être copiés l’un sur l’autre. C’est sans oublier le combat de Luke Skywalker, que l’on croit orphelin, qui combat le coté obscur en lui, dont le mentor Obi-Wan meurt, qui se bat contre Dark Vader et qui fréquente la princesse Leia qui est amoureuse de Han Solo. Ou Frodon qui est orphelin après le départ inexpliqué de Bilbo, qui combat l’anneau du mal qu’il porte sur lui, qui voit son mentor Gandalf mourir… Bref, on est dans le monomythe de Joseph Campbell, dans le récit oedipien de Bettelheim, c’est une recette qui cartonne depuis le roi Arthur, orphelin qui trouve en Merlin son mentor, je ne parle même pas des références bibliques. Très intéressant pour les marketeux…
Sinon si tu parles du dernier film, je l’ai trouvé long, peu respectueux de la complexité de l’histoire, cela manque de grandeur et du coup n’est pas très magique, monocentré sur les hormones des ados, Emma Watson est devenue une jolie jeune femme mais elle ne sait pas jouer, la scène de fin « le climax » est expédiée et l’intrigue du prince de sang mêlé menée de telle façon qu’elle est inutile. Bref, je ne peux que conseiller le livre :-)
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