Directeur général chargé du marketing, de la communication et des relations médias de IONIS Education Group,
leader français de l’enseignement supérieur privé, Marc Drillech a
passé vingt-cinq années dans la publicité dont 15 ans chez Publicis où
il a tour à tour été président de Publicis Etoile puis de Publicis
Dialog. Il est le premier invité de la rubrique "Guest Stars" du blog "Be-a-creative-sponge".
Béatrice Vendeaud : Bonjour Marc, tu animes le blog "Educatrends", peux-tu nous le présenter en quelques mots ?
Marc Drillech : L’univers de l’enseignement, de l’éducation, supérieure mais également secondaire, baigne dans une pensée conventionnelle plus forte qu’on ne l’imagine. Les blocages proviennent du fait que les pôles d’influence, les journalistes spécialisées et la presse de cet univers comme certains responsables d’orientation et plus généralement ce que je nommerai la « pensée dominante », vivent encore avec des schémas dépassés : le mythe de l’itinéraire « unique » C ; la sacré sainte prépa suivie de HEC comme seule voie acceptable et reconnue ; un culte assez inadaptée des fameuses Grandes Ecoles ; une méconnaissance du système de l’enseignement supérieur privé ; un mépris pour des pédagogies nouvelles et novatrices immédiatement rangées dans la case « gadget » ou « au service – servile – des entreprises »…
J’ai un caractère assez impertinent, curieux de nature, et je crois être, par passion et par formation professionnelle, plutôt ouvert sur les idées et les innovations. Je ne suis pas né dans le sérail et je ne me soumet pas nécessairement aux mêmes conventions, habitudes culturelles, respect de « mythes » et de stéréotypes…Alors j’ai en envie de réfléchir sur ces domaines si importants de manière libre et sincère, plus constructive aussi.
Béatrice Vendeaud : Les 10 meilleures ventes de produits culturels (en CA en France) étaient en 2007 dans l'ordre décroissant : Harry Potter, la Wii Play, Pro Evolution Soccer (qui était en tête du classement 2006 ndlr), New Super Mario Bros, Pirates des Caraïbes, le Programme d'entraînement cérébral, Super Mario Galaxy, Pokémon, Mika - Life in Carton Motion et Mario Party 8. Que t'inspire ce classement ?
Marc Drillech : Ce classement m’inspire une profonde pensée sur mes orientations personnelles et donc sur la distance culturelle qui s’opère d’une génération à une autre puisque je suis totalement « out » de ce classement. Il me dit également que nous avons bien raison d’amplifier la présence de nos écoles d’informatique et de création numérique. Il me fait terriblement regretter l’absence de la littérature et plus généralement d’un rapport au livre. Enfin, il me persuade que, plus que jamais, que nous évoquions des Ecoles de Commerce ou des Ecoles d’Ingénieurs, le besoin de culture générale est de plus en plus une priorité…Pourquoi former des généralistes des domaines couverts par ces écoles si, quelques années plus tard, ils sont incapables d’avoir un regard affuté, curieux, passionné, sur le monde et ses multiples facettes.
Béatrice Vendeaud : Peux-tu nous expliquer ce qu'est le fameux concept du "swarm" qui domine le marketing d'aujourd'hui ?
Marc Drillech : Ce concept est certainement fameux dans un microcosme mais, franchement, très fermé, celui de la communication publicitaire. A l’origine il provient d’une réflexion du nouveau patron mondial de DDB qui, comme tous les professionnels, arrive à la conclusion que les cibles traditionnelles perdent en efficacité, qu’entre les maxi cibles proposées par les télévisions ou les afficheurs et les cibles « à l’unité » recherchées par le marketing relationnel, il existe autre chose…Qui n’est rien d’autre que le concept des tribus développé en France par Maffesoli…Autrement dit au lieu de rechercher des cibles qui n’ont en commun qu’une identité statistique, il est préférable que les marques se rapprochent, s’associent, sympathisent avec des populations plus homogènes parce qu’elles partagent les mêmes passions, les mêmes attentes, les mêmes points de vue, des caractéristiques plus riches du point de vue marketing. Il est clair que des populations 18-25 ans sont statistiquement des ensembles basiques qui cachent d’énormes différences alors que les étudiants en écoles de commerce, les « Geeks », les passionnés de surf ou les bloggeurs sont des ensembles qui s’assemblent parce qu’ils se ressemblent, comme des abeilles autour d’un essaim (« swarm »).
Merci Marc !
A lire : "Swarm marketing" dans "The Yellow Papers Series" de DDB
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